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6. SAINT-JEAN-PORT-JOLI : CAPITALE DES ROBICHAUD AU QUÉBEC

Nous savons que la famille de François Robichaud (le deuxième), la veuve Marie LeBorgne de Belleisle et leurs enfants ont été recensés au Cap-Saint-Ignace, en 1762. On indique qu’une veuve Robichaud se serait installée à la seconde concession (2e rang) de Saint-Jean-Port-Joli.1 Un seul de leurs fils, Joseph, est identifié comme étant résidant de Saint-Jean-Port-Joli, par le Père Donat Robichaud, « ... ses deux garçons Joseph et François (revenu en Acadie) ont cependant eu une remarquable descendance. »2 Certains enfants de Pierre Robichaud et de Françoise LeBorgne de Belleisle sont également restés dans la région, dont Pierre, fils, qui accompagna sa mère à Saint-Jean en 1760 et s’installa par après à l’Islet. Y a-t-il encore des Robichaud à Saint-Jean-Port-Joli et aux environs ?

 

Une analyse des annuai res téléphoniques (1996) de la Côte-du-Sud, soit de la région Montmagny et Rivière-du-Loup (essentiellement, toutes les communautés entre Edmundston, au Nouveau-Brunswick, et la ville de Québec) permet de constater que 62% des noms Robichaud y étant inscrits, 105 sur 170 se trouvent à Saint-Jean-Port-Joli (51) et dans les deux municipalités avoisinantes de Sainte-Perpétue (29) et de Saint-Pamphile (25). Aucune autre communauté n’a des rassemblements significatifs de Robichaud. Ces trois communautés représentent 88 % des Robichaud dans l’annuaire de Montmagny. La ville de Montmagny n’a que quatre Robichaud et L’Islet, trois. Dans l’annuaire de Rivière-du-Loup, la ville de Rivière-du-Loup a 11 Robichaud, ce qui s’explique par sa taille : elle domine la région. On trouve également quelques Robichaud au Témiscouata, Saint-Honoré (6) Cabano (3), Saint-Louis-du- Ha!-Ha! (3), Squatec (3) de même qu’à Pohénégamook (6) et Rivière-Bleue (4). Il n’y pas de doute que Saint-Jean-Port-Joli (avec les communautés avoisinantes de Sainte-Perpétue et Saint-Pamphile) est l’endroit où l’on retrouve la plus grande concentration de Robichaud sur la Côte-du-Sud. En tenant compte de la taille de Saint-Jean-Port-Joli et de la proportion des Robichaud qui s’y trouvent, on pense pouvoir affirmer qu’il s’agit de la capitale des Robichaud du Québec. En effet, il y a 1551 Robichaud dans les annuaires téléphoniques au Québec.3 Les seules autres communautés à avoir plus de 50 Robichaud sont Montréal (278) et Québec (73), ce qui s’explique par leur taille. Les autres à avoir 25 Robichaud ou plus sont Granby (26), Longueuil (35), Rimouski (33), Sherbrooke (25) et Saint-Lambert (30).

 

La ville de Saint-Jean-Port-Joli a été colonisée à partir de 1679, deux ans après que Noël Langlois-dit-Traversy ait été nommé premier seigneur. En 1723, il n’y avait que neuf censitaires. Ceux-ci devaient se rendre d’abord au Cap-Saint-Ignace puis, après 1699, à l’Islet, pour les offices religieux. Ce sont les membres de la famille Aubert de Gaspé qui, pendant 5 générations, ont été seigneurs pour le plus longtemps, de 1686 à 1854. Le dernier seigneur, Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871), a écrit le premier véritable roman canadien-français, Les Anciens Canadiens, en 1863, qui décrit la vie à Saint-Jean-Port-Joli avant et après la conquête de 1759.4

 

C’est le 4 ou 5 août 1759 «... qu’un détachement dirigé par le capitaine Gorham est venu dévaster la côte sud, de Rivière-Ouelle à Saint-Jean, emportant le bétail après avoir brûlé les maisons (et les embarcations). La plupart des maisons du premier rang de Saint-Jean-Port-Joli auraient été détruites au cours de ce raid et plusieurs habitants se sont probablement réfugiés chez les co-paroissiens du deuxième rang. »5

 

Selon des recherches plus récentes de Gaston Deschênes, il s’agirait plutôt de «rangers» de Scott qui auraient brûlé 140 maisons dans les villages de Saint-Roch, de Saint-Jean, de l’Islet et de Cap-Saint-Ignace le dimanche 16 septembre 1759. Pressés par le temps, les Anglais n’ont vraisemblablement pas le temps de ravager le deuxième rang. C’est là que s’installera la veuve de François Robichaud avec ses enfants.6

 

La population, qui était de 389 habitants (56 familles) au recensement de 1762, est de 1103 habitants en 1790 grâce à la fécondité et à une importante arrivée de réfugiés acadiens. En 1779, Saint-Jean-Port-Joli construit son église et reçoit son premier curé résidant en 1781. La population va continuer à grandir (en 1853, la population est de 3513 habitants) vers les 3e et 4e rangs, qui se détacheront pour devenir la municipalité de Saint-Aubert (nommée en l’honneur de la famille seigneuriale) en 1857. Le territoire cultivable étant de plus en plus restreint, les emplois non agricoles étant pratiquement absents, de nouvelles routes s’ouvrent et de nouvelles paroisses se créent à l’intérieur des terres : Saint-Damase, Tourville, Sainte-Perpétue, Saint-Pamphile. Les jeunes s’en vont en ville, dans les usines américaines, au Lac Saint-Jean et vers l’ouest canadien. Aujourd’hui, la région de Saint-Jean-Port-Joli est encore principalement agricole. L’artisanat, en particulier la sculpture sur bois, débuté par les frères Bourgault en 1931, les mini-voiliers des LeClerc et le tissage des Chamard font de Saint-Jean-Port-Joli la destination touristique de la Côte-du-Sud.

 

Extrait de ROBICHAUD, Armand, Des histoires de Robichaud, du Poitou à la mer Rouge, Éditions de la Francophonie, Moncton, 2002, p. 192-196.

 

Références :

  1. Gaston DESCHÊNES dans une lettre à Armand G. ROBICHAUD, après un examen du document de TALBOT, Éloi-Gérard, Généalogie des familles originaires des comtés de Montmagny, L’Islet et Bellechasse, Tome XIV.

  2. DESCHÊNES mentionne cependant  que TALBOT«...a malheureusement attribué à François des enfants de Pierre. »

  3. Sur le CD-ROM « Canada Phone », édition 1995.

  4. Philippe Aubert de Gaspé, fils, a écrit en 1837, alors qu’il n’avait que 23 ans, L’Influence d’un livre, un roman dont on croit que Philippe Aubert de Gaspé, père, a écrit au moins un chapitre. Le fils, journaliste, est mort à Halifax « ruiné par les abus de l’alcool » en 1841. (Les Anciens Canadiens, Fides, Montréal, 1967, chronologie, p. 7)

  5. DESCHÊNES, Gaston, Portraits de Saint-Jean-Port-Joli, Les Éditions des Trois-Saumons, 1984, p. 13. (Ayant comme référence un reportage du New York Mercury du 31 décembre 1759.)

  6. DESCHÊNES, Gaston, L’année des Anglais, op. cit., p. 75. 

Église de Saint-Jean-Port-Joli, construite en 1779.

http://www.eglisesaint-jean-port-joli.com

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